Le sommeil et les rêves

 

Comme celle de tous les êtres vivants la vie de l'homme alterne entre le sommeil et la veille, selon un rythme qui lui est propre. Chez l'homme, le besoin de sommeil varie selon l'âge ; les nouveau-nés dorment plus de 20 heures par jour tandis que l'adulte a besoin de 8 heures de sommeil. Avec l'âge, le besoin de sommeil diminue sensiblement et peut se réduire à 4-5 heures par nuit. Il ne faut pas croire que nous gâchons une grande partie notre vie en dormant! Au contraire, le sommeil est indispensable et, ainsi que nous le verrons par la suite, nous continuons à vivre en dormant et à faire des expériences de façon différente.

Le sommeil n'est pas seulement indispensable à l'homme, mais aussi à tous les êtres vivants.

Les saisons froides permettent aux plantes de se reposer dans l'attente du réveil printanier et de la pleine activité estivale.

Toute la création se meut en deux temps : la passivité et l'activité. La pas­sivité - dans notre cas le sommeil - est indispensable comme préparation et création de l'activité.

Chaque nuit, nous entrons dans un état de passivité qui nous permet d'affronter une nouvelle journée et tous les stress physiques et psychiques qu'elle comporte. Ceux qui souffrent d'insomnie savent bien combien il est désagréable et difficile d'affronter une journée sans avoir pu dormir, et par conséquent sans avoir pu se régénérer. Le sommeil se divise en plusieurs phases. Tout d'abord, les paupières s'alourdissent ; nous avons du mal à les tenir ouvertes, c'est le premier stade du sommeil, appelé somnolence, dont la durée moyenne est de 5 minutes. Durant cette phase, les ondes électriques émises par l'écorce cérébrale deviennent plus lentes que durant l'état de veille. Les ondes qui leur succèdent, appelées ondes alpha sont encore plus lentes (4 ou 6 périodes par seconde) et la somnolence s'accentue, bien que l'on ne puisse encore parler de sommeil stable.

Au bout de vingt minutes environ, on entre dans le stade du « sommeil confirmé » ; les ondes émises par le cerveau sont encore plus lentes. Cette phase dure approximativement 20 minutes.

Au cours du troisième stade le sommeil profond est atteint ; au cours du quatrième stade, c'est le sommeil très profond.

Après le quatrième stade, un passage ultérieur, nous entraîne dans le monde fascinant des rêves ; il s'agit du sommeil REM, un sigle anglais qui signifie « Rapid Eyes Movements », c'est-à-dire mouvements oculaires rapides. En effet, durant la phase REM, les yeux se meuvent sous les paupières comme s'ils suivaient des images en mouvement. Cette phase est celle du rêve. Chez un individu qui dort environ 8 heures, les diverses phases du sommeil que nous venons de citer se répètent durant quatre cycles complets ; par conséquent, le stade REM se répète 4-5 fois par nuit et dure chaque fois 15-20 minutes, soit un total de 90-100 minutes. Voilà le temps que nous dédions chaque nuit à nos rêves y compris les personnes qui ne se souviennent pas de leurs rêves.

Examinons plus en détail la phase REM. Cette phase du sommeil est caractérisée par des réactions physiologiques intéressantes.

Les yeux, nous l'avons déjà dit, se comportent comme si le sujet regardait quelque chose. La différence de potentiel des ondes cérébrales est 5 fois supérieure (300 millivolts) au rythme de l'état de veille.

La respiration passe des périodes ayant 10 secondes d'abstention à des périodes de tachypnée, caractérisées par une accélération de l'acte respiratoire qui peut dépasser 50 respirations par minute.

Les battements cardiaques se modifient ; normalement ils s'accélèrent. Chez l'homme l'érection totale ou partielle du pénis se produit souvent. La température corporelle augmente. Il est beaucoup plus difficile de réveiller une personne en train de rêver qu'une personne au stade du sommeil profond : il faut un bruit de 80 décibels pour une personne qui rêve et 60 décibels pour une personne au stade du sommeil profond. Cependant, si le bruit a une valeur émotive, par exemple des pleurs d'enfant, il franchit beaucoup plus facilement la barrière protectrice du sommeil. Le sommeil a une part très active dans notre vie ; certains rêves laissent une trace tellement profonde dans notre mémoire que nous les rappelons toute notre vie. Mais pourquoi rêvons-nous ?

Selon Sigmund Freud (1856-1939), le rêve est la réalisation masquée d'un désir refoulé. En rêvant, le sujet réalise un désir qu'il n'a pas encore ou ne pourra jamais réaliser dans la réalité. Après Freud, Karl Gustav Jung (1875-1961) approfondit la recherche sur les rêves en passant du symbolisme individuel au symbolisme collectif.

Selon Jung, l'homme porte en lui des souvenirs primordiaux qui appartiennent à l'humanité et remontent à des temps immémoriaux. Chaque individu porte dans son inconscient ces souvenirs ancestraux, appelés archétypes. (Voir également le chapitre « les symboles des archétypes »).

Ainsi, les symboles du feu et des divinités, la magie et le rituel sont des éléments importants qui émergent de temps en temps dans le subconscient et s'expriment dans les rêves en assumant une valeur individuelle et personnelle étroitement liée à la vie psychique du rêveur. Bien analysés et compris les rêves peuvent nous aider à mieux connaître notre moi.

D'autres théories voient dans le rêve une soupape de sécurité et le moyen de défouler notre moi : durant la nuit, nous libérons ce que nous avons refoulé pendant la journée ; les problèmes qui n'ont pas été résolus, les humiliations que nous avons subies, etc. Tout cela forme la matière des rêves.

Les animaux rêvent aussi et il semble que l'intensité de leurs rêves soit liée à leur évolution ; des traces de sommeil REM, et par conséquent de rêve, ont été enregistrées chez les tortues. Les oiseaux présentent une activité onirique plus intense que les reptiles ; chez les mammifères, les rêves sont très fréquents, en particulier chez les animaux domestiques. Les personnes qui ont un chien ou un chat ont certainement eu l'occasion d'observer leur étrange comportement lorsqu'ils rêvent ; le chien, par exemple, grogne et montre les dents.

La phase REM a été longuement étudiée chez les animaux. Une expérience importante est celle du chat que l'on place sur un support entouré d'eau. Lorsque le chat endormi atteint la phase REM, il est totalement relaxé et tombe à l'eau ; il se réveille, remonte sur son support et retombe dans l'eau dès qu'il atteint à nouveau la phase REM.On sait ainsi combien de fois le chat entre dans une phase REM, et par conséquent, combien de fois il rêve.

Chez les enfants, en particulier chez les nourrissons, le temps dédié au rêve est bien plus long que chez l'adulte.

D'ailleurs, les rêves des nourrissons sont la reproduction de sensations : par exemple, la tiédeur du corps maternel, le plaisir éprouvé pendant la tétée, etc.

Le rêve est tellement important que si on supprime chez un sujet la phase REM, en lui administrant des médicaments, on peut créer de graves troubles psychiques qui peuvent le conduire à la folie.C'est la raison pour laquelle on déconseille de prendre des somnifères car ils éliminent la phase REM du sommeil. En outre les somnifères altèrent les diverses phases du sommeil et, par conséquent, les rêves ; de ce fait, la soupape de sécurité ne s'ouvre pas et l'esprit reste encombré de problèmes, tensions et sentiments de culpabilité qui peuvent se traduire par de graves troubles psychiques.

Le fait d'interrompre de force la phase du rêve peut compromettre l'équilibre de l'homme.

En plus des somnifères, l'alcool à doses élevées est également très nocif, car il altère le sommeil et les rêves.

Le rêve a diverses fonctions. Il protège notre sommeil, car il nous transporte dans un état intermédiaire, situé entre le sommeil profond, d'où n'émerge aucun souvenir, et l'état de veille dans lequel nos activités sont parfaitement conscientes.

Durant le stade du rêve, l'homme vit une réalité plus réelle que celle de l'état de veille ; en effet, chaque image du rêve est entièrement créée par notre esprit, et cela sans aucun soutien extérieur.

Dans le rêve, chacun de nous crée la réalité à son image et à sa ressemblance. Cette réalité, détachée des sensations externes, assume donc une valeur plus vraie et personnelle.

Notre sommeil profond est protégé par cette phase intermédiaire et l'intégrité de notre moi l'est aussi. Dans ce cas, le rêve prévient et amortit les changements brusques de la charge émotive qui se crée entre l'homme et le monde externe.

Le rêve devient une chambre de décompression où tout ce qui assume une valeur importante pour notre moi est entreposé pour être ensuite accepté à l'état de veille. Le métabolisme affectif est réglé de la même manière. L'énergie affective est la base de nos comportements, car l'amour est le chemin qui conduit à la connaissance. C'est le rêve qui la règle en prévenant les chocs et en préparant son assimilation.

Le contenu des rêves est bien sûr lié au type de mentalité du rêveur ; les personnes simples font des rêves simples, car rêver signifie créer la réalité à un niveau différent, plus subtil, mais toujours à notre image et ressemblance.

Toujours, sur le thème de la finalité du rêve et pour mieux comprendre sa signification, analysons le croquis de la page 14 qui représente une balance. Le plateau A représente l'état de veille, le plateau C l'état de sommeil profond et le point B le stade du rêve.

Le rêve est le nœud, le centre et l'élément médiateur entre les deux parties. Chaque fois qu'une surcharge crée un déséquilibre, le point B, est-à-dire le stade du rêve, est en mesure de faire passer de l'énergie de A à C de manière à rééquilibrer automatiquement les deux plateaux.

Ce n'est pas toujours possible, surtout si la surcharge est trop brusque : d'où l'apparition de phobies, d'anxiétés et de problèmes nerveux. Le rêve a également une autre fonction, beaucoup plus subtile et spirituelle : il peut devenir l'intermédiaire entre l'homme transcendant, qui au moment du sommeil profond vit à un niveau plus complet, le niveau astral, et l'homme animique dont l'activité se déroule au cours du stade illusoire qu'est l'état de veille. Dans le rêve, l'homme vit dans une phase intermédiaire, où la réalité et illusion se compénètrent et où affleure l'antique conscience des images propres à l'homme ancestral, les archétypes décrits par Jung, mêlée à des restes de l'activité vigile.

En Inde, on dit que, lors de la pratique du Yoga Sutra, l'expérience onirique est réelle, car elle est déterminée par un esprit réveillé au milieu des s endormis.

Discerner la vérité du mensonge, telle est la tâche ardue de l'interprétation des rêves. Chaque homme peut découvrir qui il est et quel est son véritable rôle dans l'univers de labeur, d'énergies, de mensonges, d'illusions et de vérité.

Par conséquent, le plus important est d'éloigner les faux rêves qui ne sont que les interférences psychiques de nos problèmes quotidiens. Toutes les tendances défendues, toutes les souffrances animiques et tous les désirs affleurent du préconscient et les rêves prennent forme en utilisant les expériences de la journée en guise d'échafaudages. Si exemple, nous avons assisté à la projection d'un film la soirée, nous utiliserons probablement cette base pendant la nuit pour construire le rêve ou nous projetterons nos conflits internes.

Mais nous devrions être en mesure d'éliminer ces éléments ; alors le rêve sera véridique et pourra être utilisé pour communiquer avec des niveaux supérieurs.

Les rêves de voyance et les rêves prémonitoires sont très fréquents et l'histoire nous enseigne que de nombreux voyants et saints recevaient leurs messages par le biais du rêve.

S'il est utilisé de manière appropriée, le rêve nous permet de vivre notre vie d'une façon plus réelle qu'à l'état de veille. Nous pouvons utiliser le temps dédié aux rêves pour mieux connaître la nature du monde, pour mieux nous connaître et pour entrer en syntonie avec les autres.

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